Bon, on ne va pas se mentir. Les taxes, ce n’est pas vraiment le sujet le plus sexy du monde. Sauf, bien sûr, quand elles touchent à un sujet qui nous concerne tous : les déplacements. Et justement, la taxe dont nous allons parler aujourd’hui concerne les infrastructures de transport longue distance. Présentée hier par le gouvernement dans son budget 2024, elle a déjà commencé à faire couler beaucoup d’encre. Alors, sans plus tarder, mettons-nous en route pour décrypter cette fameuse taxe.
Une taxe qui vise les « super profits »
Au coeur de ce texte, une nouvelle taxe qui cible spécifiquement les sociétés d’autoroute et les plus grands aéroports français. Elle s’appliquera à toutes les entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires annuel de plus de 120 millions d’euros et présentent une rentabilité de plus de 10%. Autant dire que les poids lourds du secteur sont dans le viseur : Vinci, la SANEF, Eiffage pour les autoroutes, et les cinq plus gros aéroports français (Roissy, Orly, Lyon, Nice et Bordeaux) sont concernés. En revanche, la SNCF est pour le moment épargnée.
L’objectif de cette taxe ? Financer les infrastructures ferroviaires, fluviales et les transports collectifs. Le budget alloué à ces infrastructures de transport est d’ailleurs en très nette hausse dans le budget 2024, avec une augmentation de 20% pour atteindre 4,6 milliards d’euros. Pour le gouvernement, cette taxe est une façon de faire contribuer les entreprises qui réalisent des « super profits ». Et il est vrai que d’après un récent rapport du Sénat, certaines pourraient empocher jusqu’à 40 milliards d’euros de dividendes grâce à des péages en forte hausse, notamment en raison de l’inflation.
Des conséquences pour le consommateur ?
Mais la question qui nous brûle tous les lèvres, c’est bien sûr : est-ce que cette taxe va se répercuter sur nous, simples utilisateurs de ces infrastructures ? Au péage ou à l’aéroport, allons-nous devoir mettre la main au portefeuille ?
Pour Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, la réponse est non. En tout cas, pas pour les sociétés d’autoroute. Selon lui, les péages n’augmenteront pas au-delà de ce qui est prévu en fonction de l’inflation. En effet, les tarifs des péages sont en grande partie contrôlés par l’État. Toutefois, il faut se rappeler qu’en 2011, une taxe visant déjà les sociétés d’autoroute avait entraîné une hausse des prix pour les usagers sur deux années de suite.
Cette taxe pourrait donc rapporter près de 600 millions d’euros à l’État. Une somme qui sera très certainement utile pour financer la transition écologique. Toutefois, plutôt que de verser ce surplus dans les caisses de l’État, les sociétés d’autoroute pourraient être tentées de le répercuter sur le prix du péage. Ainsi, même si le gouvernement affirme le contraire, il est possible que cette taxe se répercute indirectement sur nous.
Quant aux aéroports, la situation est un peu différente. Ici, les prix ne sont pas contrôlés par l’État. Et d’après Aéroports de Paris, cette taxe sera bien répercutée sur les compagnies aériennes. Trois quarts de cette taxe pourrait être répercuté pour les compagnies aériennes. Il est donc fort probable que cela se traduise par une augmentation du prix des billets d’avion pour nous, consommateurs.
Un impact sur la compétitivité des aéroports français ?
Au-delà de la question du prix, cette taxe pourrait également avoir un impact sur la compétitivité des aéroports français. Pourquoi un voyageur étranger choisirait-il de passer par l’aéroport de Lyon plutôt que par celui de Genève, qui pourrait être moins cher ? Les aéroports français craignent donc que cette taxe ne les pénalise face à la concurrence étrangère. D’autant plus que tous les aéroports français ne sont pas concernés par cette taxe, comme c’est le cas par exemple de l’aéroport de Beauvais. Une aubaine pour les compagnies low cost, qui pourraient en profiter pour attirer davantage de passagers.
Alors, que penser de cette taxe ? Difficile à dire pour le moment. Il est certain que le financement des infrastructures de transport est un enjeu majeur, surtout dans le contexte actuel de transition écologique. Toutefois, il faudra veiller à ce que cette taxe ne pénalise pas trop lourdement les consommateurs et n’affaiblisse pas la compétitivité des aéroports français. En tout cas, une chose est sûre : cette taxe n’a pas fini de faire parler d’elle.
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