S’émanciper du joug du QI: l’intelligence est-elle vraiment chiffrable?

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Il est indéniable que le QI, ou quotient intellectuel, a pris une place prépondérante dans notre société. Il est couramment invoqué pour déterminer la capacité intellectuelle d’un individu, voire pour expliquer ses réussites ou ses échecs. Mais qu’en est-il vraiment? Éclairons cette question complexe qui, à travers l’Histoire, montre un visage sombre de notre quête de comprendre l’intelligence.

L’origine du QI: une histoire troublée

Les préoccupations pour comprendre l’intelligence et nos différences de performances ne datent pas d’hier. Déjà au 19e siècle, les chercheurs se questionnaient : comment expliquer que les hommes seraient plus intelligents que les femmes? Les techniques d’époque pour trouver une réponse valable étaient pour le moins curieuses, comme la céphalométrie, c’est-à-dire le calcul de la circonférence du crâne. Selon cette théorie, les hommes blancs auraient une circonférence crânienne légèrement supérieure, ce qui justifierait leur prétendue supériorité intellectuelle. Cette technique a, bien entendu, été réfutée.

Cependant, le 20e siècle a vu l’avènement des tests de QI, qui ont été développés par un psychologue français. Son but n’était pas malsain : il souhaitait identifier les enfants nécessitant un soutien particulier pour réussir à l’école. Il n’a jamais prétendu que ces tests mesuraient l’intelligence dans toute sa complexité, ni que le chiffre obtenu était un facteur immuable.

Malheureusement, ces tests ont été récupérés par des courants de pensée moins bienveillants, comme les idéologies nazies qui les ont utilisé pour justifier l’infériorité de certaines ethnies, ou des politiques de stérilisation forcée pour créer une société composée uniquement de personnes « intelligentes ».

L’intelligence : un concept évolutif

L’intelligence n’est pas un trait fixe. Il est maintenant reconnu que nous avons, en tant qu’espèce, gagné 30 points de QI en un siècle. Cette augmentation est liée à une meilleure nutrition, une exposition accrue au raisonnement abstrait et à une réduction de la pollution et de la malnutrition.

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Cependant, la définition même de l’intelligence est sujette à débat. Il est important de préciser que cette notion est fortement connotée culturellement et historiquement. Par exemple, en Occident, l’intelligence est souvent associée à la capacité de penser rapidement. Mais d’autres cultures valorisent les interactions sociales, la pensée divergente et la capacité à sortir de soi, des aspects que les tests de QI ne mesurent pas.

Le QI : un outil à double tranchant

Il serait tentant de rejeter complètement les tests de QI au vu de leur histoire trouble et de leur incapacité à mesurer l’intelligence dans toute sa complexité. Toutefois, ces tests ont encore une certaine utilité, notamment pour identifier les enfants nécessitant un soutien particulier à l’école.

Cependant, il est crucial de ne pas tomber dans le piège de la fétichisation du QI. Poster fièrement son score de QI sur Instagram ne fait que perpétuer l’idée que l’intelligence est un chiffre, une caractéristique immuable qui détermine notre valeur en tant qu’individu. Or, l’intelligence est bien plus que cela. Elle est la capacité à changer, à s’adapter, à interagir avec les autres et à penser de manière divergente.

Alors, chers lecteurs, ne vous laissez pas enfermer dans une case par un test de QI. L’intelligence est un concept complexe et en constante évolution. Et surtout, si vous êtes réellement intelligent, n’en faites pas étalage sur les réseaux sociaux. Cela ne ferait que vous rendre… moins intelligent.

Et gardez en tête que, comme l’a si bien dit Albert Einstein : « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide ».

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