Lutte contre les passoires thermiques: Paris demande un report de l’échéance

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Dans la valse des politiques urbaines et écologiques, un pas en avant peut parfois en cacher un autre en arrière. Alors que la lutte contre les passoires thermiques bat son plein, la mairie de Paris vient de prendre position en faveur d’un report de l’interdiction de location de ces logements énergivores. Jacques Baudrier, l’adjoint à la mairie de Paris en charge du logement, a pris sa plus belle plume pour adresser une requête au premier ministre, Gabriel Attal, soulignant l’urgence de la situation pour les copropriétaires parisiens.

Une échéance irréaliste pour les copropriétés

La politique d’éradication des passoires thermiques, ces logements aux performances énergétiques plus que déplorables, est un sujet brûlant. Il est de notoriété publique que ces habitats sont interdits de location depuis le 1er janvier 2023 pour ceux classés G+, et le seront progressivement pour les autres catégories, jusqu’aux E en 2034. Cependant, la réalité parisienne avec ses 60.000 logements susceptibles d’être impactés par cette mesure, met en lumière une problématique majeure : le temps. Le calendrier actuel est jugé « inatteignable » pour que toutes les copropriétés parisiennes puissent mener à bien leurs travaux de rénovation avant l’échéance fatidique.

L’argument clé de Jacques Baudrier se cristallise autour de la crainte d’une pénurie de logements locatifs en 2025. Les propriétaires, pris au piège d’un temps imparti trop court pour les rénovations, pourraient être tentés de retirer leurs biens du marché. Cette perspective suscite d’autant plus d’inquiétude que la demande locative, notamment de la part des jeunes actifs, ne cesse de croître face à une offre qui s’effrite.

Des propositions pour un calendrier adapté

L’élu communiste, connu pour son engagement en faveur de la rénovation énergétique, propose donc de souplesse dans l’application de la loi. Pour bénéficier d’un délai supplémentaire, les biens devront répondre à certaines conditions : faire partie d’une copropriété, avoir adopté un projet de plan pluriannuel de travaux avant le 1er janvier 2026, avec pour objectif d’atteindre un niveau minimal de performance énergétique avant 2028, ou avoir au moins réalisé un diagnostic global et voté la réalisation des travaux nécessaires.

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La position des acteurs économiques et politiques

Il est intéressant de noter que cette demande de report ne vient pas isolément. Des voix s’élèvent régulièrement pour remettre en question le calendrier établi. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, avait lui-même évoqué la possibilité d’un report avant de se rétracter. De son côté, l’ancien premier ministre Édouard Philippe avait qualifié l’interdiction de location des passoires thermiques de « folie ».

Le casse-tête financier pour les copropriétés

L’enjeu financier est colossal pour les copropriétaires, qui sont confrontés à un dilemme : investir dans des travaux potentiellement onéreux sans garantie de retour sur investissement à court terme, ou risquer une décote de leur bien. En outre, le phénomène de harcelés par des sociétés promettant monts et merveilles pour des rénovations parfois superflues, alimente une certaine défiance.

Les copropriétaires doivent jongler avec les propositions de financement des travaux, souvent présentées sous forme d’emprunts étalés sur une décennie, alourdissant la charge financière et complexifiant la gestion locative ou la vente future du bien.

En dehors de la capitale, quel avenir ?

Le débat sur l’applicabilité de la loi et ses conséquences ne se cantonne pas aux limites de Paris. Accusations d’inapplicabilité et de risque pour l’économie nationale fusent à travers le pays. La rigidité présumée des technocrates face à une réalité hétérogène sur le territoire français alimente un sentiment d’incompréhension, voire de révolte, chez certains propriétaires et acteurs locaux.

Conclusion : Un équilibre à trouver entre écologie et réalisme

Alors que les retours d’expérience comme celui de Lyon, où la ville rachète les passoires thermiques pour les remettre en location, montrent des initiatives locales, la question demeure : comment concilier impératifs écologiques et possibilités concrètes des propriétaires ? La demande de Jacques Baudrier, et le débat qu’elle suscite, sont révélateurs d’un besoin de dialogue et d’ajustement pour éviter que la transition énergétique ne se fasse au détriment du logement et de l’économie. La voie du « juste milieu » semble être la quête de cette ère de transition écologique, où l’échéance sert d’horizon sans pour autant devenir un précipice.

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Ainsi, l’avenir des passoires thermiques et l’équilibre entre exigences écologiques et réalités économiques restent des thématiques centrales. Cette requête de la mairie de Paris ouvre la voie à une réflexion plus globale sur notre capacité à rénover notre parc immobilier sans pour autant le sacrifier sur l’autel d’objectifs peut-être trop ambitieux pour être atteints dans l’immédiat. Un débat qui, sans aucun doute, continuera à alimenter les discussions des mois à venir.

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FAQ

### FAQ : Lutte contre les passoires thermiques et demande de report à Paris

Qu’est-ce qu’une passoire thermique dans le contexte immobilier ?

Une passoire thermique est un bâtiment ou un logement qui présente une très faible performance énergétique, entraînant ainsi une consommation énergétique excessive, principalement due à une mauvaise isolation. Les passoires thermiques sont souvent classées F ou G dans l’échelle de l’étiquette énergétique.

Pourquoi la Mairie de Paris demande-t-elle un report de l’interdiction de location des passoires thermiques ?

La Mairie de Paris, par le biais de son adjoint chargé du logement, craint que le calendrier actuel pour l’interdiction de la location des passoires thermiques soit trop court pour permettre aux copropriétés de réaliser les travaux de rénovation nécessaires. L’objectif du report est de donner plus de temps pour l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments concernés.

Quelles sont les échéances actuelles pour l’interdiction de location des logements selon leur classe énergétique ?

Selon la réglementation en vigueur, les logements classés G+ sont interdits de location depuis le 1er janvier 2023. Les logements classés G seront interdits à partir du 1er janvier 2025, ceux classés F en 2028, et ceux classés E en 2034.

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Combien de logements à Paris sont susceptibles d’être impactés par cette interdiction ?

Il est estimé que 60.000 logements à Paris pourraient être concernés par l’interdiction de location en raison de leur classement énergétique défavorable. Cette situation pourrait entraîner une réduction de l’offre de logements disponibles à la location dans la capitale.

Quelles sont les propositions pour permettre un report de l’interdiction de location des passoires thermiques ?

Pour bénéficier d’un report, il est proposé que les biens fassent partie d’une copropriété ayant adopté un projet de travaux pluriannuels avant le 1er janvier 2026, et qui prévoit un calendrier permettant d’atteindre une performance énergétique minimale avant le 1er janvier 2028. Alternativement, un diagnostic global de la copropriété doit avoir été réalisé et des travaux doivent avoir été votés pour la même échéance.

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