Légende : Le représentant Jared Huffman, D-Calif., s’exprime lors de l’avancement de la loi sur le développement des ressources en eau de 2022 au Capitole à Washington, le 18 mai 2022. Une coalition de Démocrates de la Chambre met en garde contre l’agenda d’extrême droite du projet 2025 pour une Maison-Blanche Trump.
À Washington, les démocrates de la Chambre des représentants viennent de lancer une offensive contre le projet d’agenda 2025, un programme d’extrême droite soutenu par la Fondation Heritage. L’objectif est clair : empêcher ce plan de se concrétiser si Donald Trump, l’ancien président républicain, revenait au pouvoir. Le représentant Jared Huffman de Californie a dévoilé le « Stop Project 2025 Task Force » pour alerter et préparer une riposte adéquate face à ce que beaucoup considèrent comme une menace sérieuse pour la démocratie américaine.
La menace d’un retour de Trump
Le projet 2025 est perçu par les Démocrates comme une véritable offensive éclair, susceptible de bouleverser profondément le fonctionnement des institutions américaines. Huffman a d’ailleurs souligné la nécessité de se préparer à l’avance : « Si nous essayons de réagir en temps réel, il sera déjà trop tard. » Ce plan, élaboré par la Fondation Heritage, vise à restructurer radicalement le gouvernement fédéral en remplaçant des milliers de fonctionnaires par des loyalistes de Trump.
Kevin Roberts, président de la Fondation Heritage, a qualifié les efforts des Démocrates d’« peu sérieux », ajoutant que la gauche est en « frenésie » face à ce projet. Selon lui, le projet 2025 ne sera pas stoppé et les Démocrates sont invités à essayer, mais ils échoueront.
Un plan bien structuré
Malgré les dénégations du camp Trump, le projet 2025 a été élaboré avec la contribution de nombreux anciens membres de l’administration Trump, prêts à occuper des postes de haut rang dans une éventuelle nouvelle administration. Le plan central de ce projet est de remplacer des milliers de fonctionnaires par des candidats choisis dans une base de données dédiée, afin de contrer les revers rencontrés lors du premier mandat de Trump.
Huffman et son groupe, composé d’une demi-douzaine de législateurs démocrates, ont l’intention de mener des séances d’information pour leurs collègues, organiser des forums au Capitole et informer les électeurs des implications de ce plan. Ils souhaitent devenir une source d’information pour les législateurs, les électeurs et les organisations sur diverses propositions politiques, incluant l’immigration et les droits reproductifs.
L’inquiétude des défenseurs des droits civiques
La semaine dernière, l’American Civil Liberties Union (ACLU), l’une des principales organisations de défense des droits civiques, a annoncé qu’elle préparait des actions en justice potentielles pour contrer les promesses de campagne de Trump, notamment le lancement de déportations massives d’immigrants dès son premier jour de présidence, s’il est élu. L’ACLU a élaboré plusieurs mémos détaillant comment elle prévoit de répondre à un second mandat de Trump ou de Biden, présentant ainsi un plan de bataille pour les droits civiques.
D’autres organisations ont également mis en avant les menaces potentielles pour la démocratie si Trump mettait en œuvre ses attaques contre le système judiciaire, ses plans de grâce pour ceux condamnés lors de l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021, et ses menaces de vengeance contre ses ennemis politiques.
Le rôle de Russ Vought
Parmi les architectes de ce plan se trouve Russ Vought, ancien directeur de l’Office of Management and Budget sous Trump. Vought, un nationaliste chrétien autoproclamé, prévoit une expansion rapide des pouvoirs exécutifs sous ce qu’il appelle le « constitutionnalisme radical ». Il dirige actuellement le Centre pour le renouvellement de l’Amérique, un réseau de droite rempli de fidèles de Trump.
Vought a été nommé par le Comité national républicain comme directeur de la politique pour le comité de plateforme 2024 et a rédigé le chapitre sur le bureau exécutif du président pour le projet 2025. Il est chargé de planifier les 180 premiers jours d’une nouvelle administration Trump.
Une philosophie extrême
Vought cherche à redéfinir l’immigration comme une « invasion », permettant ainsi au président d’invoquer les pouvoirs en temps de guerre. Il partage la vision de Trump concernant les déportations massives, arguant que la majorité des immigrants ne peuvent comprendre la prétendue vision judéo-chrétienne de l’Amérique. Il appelle à « réexaminer les paradigmes juridiques qui ont limité notre capacité à revenir à la Constitution originale. »
Vought est également l’un des principaux partisans de l’élimination de toute indépendance des agences exécutives, en commençant par le ministère de la Justice. Il soutient l’appel de Trump à poursuivre les ennemis de Trump, affirmant que cela ne peut se limiter à des auditions, mais doit inclure des « enquêtes, une armée d’enquêteurs conduisant à des condamnations fermes. » Il est également en faveur de l’invocation de la loi sur l’insurrection, de l’interdiction des avortements médicaux et de la mise en œuvre de politiques pour augmenter le taux de natalité.
Comparaisons historiques inquiétantes
Les extrémistes comme Vought, qui cherchent à renverser la Constitution, rappellent les années 1930 en Allemagne. Bien que les parallèles ne soient pas parfaits, les similitudes sont troublantes. Le « Big Lie » des nazis était que l’Allemagne n’avait pas perdu la Première Guerre mondiale, mais avait été trahie par les juifs, les marxistes et les démocrates. De même, le « Big Lie » de Trump est qu’il n’a pas perdu l’élection de 2020, ce qui a eu un effet similaire de motivation sur ses partisans.
Dans les deux cas, une tentative pathétique de renverser le gouvernement échoue initialement, mais l’établissement politique ne prend pas les mesures légales pour empêcher leur retour. Cela facilite la croissance d’un mouvement autoritaire, imprégné de racisme et de ressentiment. Bien que ce mouvement n’atteigne jamais une majorité dans le pays, ses dirigeants apprennent au fil du temps comment exploiter les faiblesses du système.
L’émergence du projet 2025 et les efforts pour le contrer montrent à quel point les enjeux sont élevés. Les Démocrates de la Chambre, sous la houlette de Jared Huffman, se préparent à une lutte acharnée pour préserver les normes démocratiques et empêcher une dérive autoritaire. À l’heure où le paysage politique américain est plus polarisé que jamais, il est crucial de rester vigilant face aux menaces potentielles qui guettent la démocratie. La question demeure : les institutions américaines pourront-elles résister à une nouvelle tentative de transformation radicale ? Seul l’avenir nous le dira, mais une chose est sûre, la vigilance et la préparation seront essentielles pour protéger les valeurs fondamentales de la nation.
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