Burkina Faso : entre instabilité politique et crise sécuritaire sans précédent

Il est de ces pays d’Afrique de l’Ouest où l’instabilité politique et la menace djihadiste sont une réalité quotidienne, des entités géographiques où l’ombre de la crise sécuritaire plane de façon inquiétante. Le Burkina Faso est l’un d’eux. Ces derniers temps, ce pays fait la une à de multiples reprises, pour des raisons qui sont loin d’être réjouissantes.

Depuis le 30 septembre 2023, le capitaine Traoré est aux commandes de ce pays sahélien. Arrivé au pouvoir suite à un coup d’État, il avait promis de faire face aux groupes djihadistes et de faire régner l’ordre et la sécurité. Mais à l’approche du premier anniversaire de son règne, le bilan est loin d’être reluisant. Le capitaine semble naviguer à vue, dans un pays de plus en plus instable.

Tentative de putsch ou purge militaire : que se passe-t-il réellement ?

Récemment, le gouvernement burkinabé a annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’État. Quatre officiers ont été arrêtés, accusés de complot contre la sûreté de l’État. Mais la réalité est floue. Les observateurs et les journalistes peinent à obtenir des informations fiables, tant le régime burkinabè est devenu opaque et fermé.

En effet, le gouvernement a interdit le journal Jeune Afrique dans le pays, une décision qui renforce le sentiment d’une administration qui cherche à museler la presse et à contrôler l’information. Les rumeurs vont bon train : est-ce une véritable tentative de putsch ou simplement une occasion pour le capitaine Traoré de purger l’armée et de renforcer son pouvoir ?

Une situation sécuritaire qui se détériore

Au-delà de ces intrigues politiques, c’est la situation sécuritaire du Burkina Faso qui inquiète le plus. En un an, malgré les promesses du capitaine Traoré, la crise n’a fait que s’aggraver. Le tout-militaire prôné par le gouvernement face aux djihadistes ne semble pas porter ses fruits.

Depuis le début de l’année 2023, le nombre d’attaques et de morts a atteint un pic inédit. Des attaques perpétrées non seulement par les mouvements djihadistes, mais aussi par les forces de défense locales. Le gouvernement a en effet formé des milices pour combattre les djihadistes, les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), qui commettent à leur tour des exactions.

Comme une tâche d’huile, le terrorisme s’étend sur le territoire burkinabè. Les attaques djihadistes se multiplient et touchent désormais toutes les régions du pays, y compris la frontière avec le Bénin. Le 15 septembre, deux militaires et un garde forestier ont été tués lors d’une attaque revendiquée par Al-Qaïda dans un parc du Bénin.

Des conséquences régionales inquiétantes

L’impact de la crise sécuritaire au Burkina Faso ne se limite pas à ses frontières. Les pays voisins, notamment le Mali et le Niger, sont également touchés. Les groupes djihadistes ne connaissant pas de frontières, leurs opérations s’étendent sur tout le Sahel.

En outre, l’instabilité au Burkina Faso alimente une crise régionale plus large. Les groupes djihadistes formés au Mali, comme Al-Qaïda, étendent désormais leur influence au Burkina Faso et, de là, au Togo et au Bénin. Les guerres de pouvoir entre Al-Qaïda et l’État islamique se propagent également de part et d’autre de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso.

Ainsi, la crise sécuritaire au Burkina Faso est loin d’être une affaire purement nationale. Elle a des conséquences dramatiques pour toute la région du Sahel, déstabilisant des pays déjà fragiles et alimentant un cercle vicieux de violence et d’instabilité.

Un an après l’accession au pouvoir du capitaine Traoré, force est de constater que le Burkina Faso est dans une impasse. Entre tentative de putsch, purge militaire et crise sécuritaire sans précédent, l’avenir s’annonce incertain pour ce pays d’Afrique de l’Ouest. Un constat alarmant qui souligne l’urgence d’une solution politique et sécuritaire durable pour le Burkina Faso et l’ensemble de la région sahélienne.